Mon Premier U-Boot:

U 995

 

1°) Petite histoire

En 1995, je tombe en arrêt devant la vitrine d'un magasin de modélisme à Lorient. Une maquette de Uboot y était exposée: le U995, échelle 1/40e. Le marchand me donna les coordonnées du revendeur, et, moyennant quelques milliers de francs, je me portais acquéreur d'une coque, d'un pont, d'un kiosque et de tout l'accastillage afin de me construire MON Uboot!

Dans la coque étanche ont été installés : un compartiment ballast fait de résine, une bonbonne à air comprimé en laiton brasé, une batterie au plomb 6V/10Ah, deux moteurs, les servos pour les gouvernes, le récepteur, le régulateur de vitesse, un système "FailSafe" et 4 accus 1,2V/1100mAh pour alimenter tout ça.

La construction n'est pas ce qu'il y a de plus compliqué. Le plus dur, c'est l'étanchéité, puis l'équilibrage. Des dizaines de tubes de silicone, quatre kilos de plomb et des dizaines d'aller-retour vers le lavoir de Bouillargues plus tard, il m'aura fallu 18 mois pour arriver au résultat final, à raison d'une ou deux heures par jour, c'est dire! Ce temps assez long s'explique par le fait que c'était la première fois que je faisais un sous-marin, sans aucune documentation pour arranger les choses...

Le U 995 à l'eau.

 

La préparation du Uboot avant sa mise à l'eau

2°) Allô, les pompiers?!!!

Été 1997, en vacances à l'hôtel du lac de Clergoux ( Corrèze ), je vis disparaître le sous marin en plein milieu du lac, à 50 mètres de la rive. Quelques instants plus tard, le nez du bateau réapparut au même endroit: le sous marin était vertical. Le système "FailSafe" installé à bord avait fait son effet: il avait vidé la bonbonne d'air comprimé dans le ballast, offrant un dernier sursis à la maquette. Puis elle s'enfonçât inéluctablement dans les profondeurs du lac corrèzien...Que s'était-il passé? sans doute une voie d'eau...

Le patron de l'hôtel, connaissant un pompier à la caserne de Tulle, lui téléphona en expliquant le problème. Une fois l'effet de surprise passé, deux pompiers-plongeurs offrirent de se déplacer cinq jours plus tard. En effet, les plongeurs doivent s'entraîner une fois par semaine, le thème de l'exercice cette semaine là leur était offert sur un plateau! Armés d'un projecteur, ils descendirent jusqu'à six mètres de profondeur, et remontèrent rapidement le sous-marin.

Début des recherches...

Après 5 jours au fond, il faut tout sècher...

Un rapide coup d'oeil confirma la voie d'eau, un morceau de joint silicone s'était décollé...Merci encore aux pompiers de Tulle, ils offrirent une année de rémission au U 995, pour le plus grand plaisir des membres du club de modélisme naval de Nîmes, et des promeneurs du dimanche.

3°) La fin...

Un dimanche de mai 1998, en réunion avec les membres du club de modélisme naval de Nîmes, je préparais le sous-marin avant la mise à l'eau. Toutes les mises à l'air libres étaient fermées, je décidais de contrôler la rotation des hélices. Soudain, une puissante explosion pulvérisa le U 995. Des morceaux de coque furent retrouvés à dix mètres. L'effet de surprise passé, je m'approchai de ce qu'il restait du sous-marin, pensant que c'était la bonbonne d'air comprimé qui avait explosé. Elle était intacte. C'était pire, la batterie au plomb avait dégazé de l'hydrogène pendant la charge, car, pour une fois, j'avais oublié d'ouvrir les mises à l'air libre...

Je récupérai les morceaux, et décidai d'écrire un article dans la revue "RC Marine " pour mettre en garde tous mes collègues sous-mariniers :

 

Terriblement effrayé par cette explosion qui aurait pu blesser un promeneur curieux, dégoûté par les 18 mois de travail qui furent réduits en morceaux, je me promis de ne plus faire de maquette de sous-marin. J'ai tenu trois ans, mais le U47 a une telle histoire, et il est tellement beau...Irrésistible!

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